Ma peinture est une rencontre...
Ma peinture est une rencontre : une personne, son regard…, un paysage ou même la surprise d’une sensation. Emotion et, très vite, le désir de l’exprimer pour moi-même ou pour la communiquer et, parfois de l’amplifier ou de l’exalter. Viennent alors spontanément les couleurs qui s’imposent dans mon espace intérieur, ma Chambre Noire silencieuse. Je ne crois pas que cette impression ait jamais été plate. Suspendue dans l’espace, elle a du volume et des « lointains bleutés » ou de noires profondeurs.
Quelqu’un m’a dit un jour : « Tu sculptes en couleurs. » Voilà le défi : dire cela en formes et en couleurs ! Observation hésitante de la toile vide, essais et mimiques de peinture « pour du beurre » avec divers instruments dans le secret de mon atelier. (On me prendrait pour un fou si on me voyait !). Les douleurs de l’accouchement m’accompagneront jusqu’au point final. Et le doute poursuivra ses insinuations bien après. Les couleurs sont mes amies complices : je les adore et elles me le rendent bien : ce sont elles qui se mélangent docilement pour devenir, comme par miracle, exactement celle que j’attendais. En cours de peinture elles s’invitent d’elles-mêmes. Et, finalement, ce sont elles qui dirigent la main et exigent le couteau plutôt que la brosse.
L’attrai qu’exercent sur moi les œuvres de Rik Wauters mais aussi celles de Picasso vient en grande partie de la connivence que je ressens pour leur touche de peinture ou leur manière personnelle d’appliquer la matière. Un peu comme si cela venait de ma main. Les portraits suscitent rapidement l’empathie pour ces rencontres très particulières, qu’il s’agisse de contemporains ou de personnes éloignées comme Chavès dans un discours pathétique ou un Van Gogh à l’oreille tranchée. En ce voyage, finalement, ce sont eux-mêmes qui me guident dans leurs états d’âme. L’auto-portrait me donne accès à mon modèle le plus disponible, non dénué d’une possibilité d’introspection.